« Le jour de
la Saint-Sébastien, bienheureux martyr, se célébrait alors à Grenade une fête
solennelle à l’Ermitage des Martyrs…Il arriva qu’un excellent homme, maître de
théologie, appelé Maître Avila, véritable modèle de sainteté, sage et lettré
vint prêcher dans cette église. Ce prédicateur exaltait avec ardeur la
récompense que le Seigneur avait donné à son saint martyr Sébastien, pour avoir
souffert tant de tourments par amour pour lui. Il conclut en montrant à quel
point un chrétien doit s’exposer pour servir son Seigneur et souffrir plutôt
mille morts que de l’offenser. Avec l’aide de la grâce du Seigneur, ces paroles
auxquelles il donna vie, se fixèrent au plus profond de l’âme de Jean et furent
si efficaces que leur force et leur puissance se manifestèrent sur le champ. Le
sermon terminé, il sortit de là comme s’il était hors de lui, demandant
miséricorde à Dieu, à voix haute… Sautant, courant,…il arriva à sa boutique…il
prit les livres qu’il possédait et réduisit en pièces, à l’aide des mains et
des dents, tous ceux qui traitaient de chevalerie et de sujets profanes. Quant
à ceux qui parlaient de la vie des saints…il les donnait à qui les lui
demandait par amour de Dieu… Et ainsi, nu, nu-pieds et nu-tête il retourna à
nouveau crier dans les rues principales de Grenade… C’est ainsi que Jean alla
demander miséricorde au Seigneur … Des personnes honorables mues de compassion
…le conduisirent à la demeure du Père Avila…qui après l’avoir réconforté le
renvoya en disant : ‘Allez en paix avec la bénédiction du Seigneur et
la mienne. Je suis persuadé que Notre-Seigneur ne vous refusera pas sa
miséricorde’ »…. Hospitalisé comme fou à l’Hôpital Royal, il y expérimenta
les traitements donnés aux patients pour les guérir. Ce fut pendant ce séjour
qu’il mûrit sa vocation : « Jésus-Christ, faites-moi la grâce d’avoir
un hôpital où je recueillerai les pauvres abandonnés et ceux qui ont perdu la
raison et je les servirai du mieux que
je pourrai ». (F.de Castro, Jean de Dieu, l’ami des handicapés,
Éditions Paulines, 1981, ch. VII, VIII, IX). L’expérience de la miséricorde du
Père a transformé Jean de Dieu ; puisse la mémoire que nous célébrons stimuler
l’Ordre Hospitalier à se souvenir du don que constitue sa vocation et de la
conversion qu’elle exige chaque jour pour rendre efficace la nouvelle
hospitalité.
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